samedi 29 mars 2014

Urgences & déception





Samedi 29 mars, 8 h 45, j'arrive au cabinet de radiologie de République avec 8 de tension et le visage cadavérique, blanche comme un linge, à jeun depuis la veille au soir. On me prend rapidement en charge, on me perfuse la veine de la main gauche et on me met dans la machine... 10 minutes plus tard, ou 15 ou 20 mais pas plus, je peux ressortir, être déperfusée et me rhabiller. Attente des résultats du scanner.

30 minutes plus tard, je suis convoquée par les radiologues ! Généralement, dans un centre de radiologie de ville, quand les radiologues veulent vous voir, c'est mauvais signe ! C'est souvent en cas d'anomalie détectée lors de l'examen qui nécessite une intervention rapide et pas seulement un compte-rendu et un rendez-vous chez le généraliste une semaine plus tard.

Je m'avance timidement dans la pièce réservée aux docteurs en radiologie et là ils me montrent une image... Un énorme abcès se détache très lisiblement sur le plan photographié par le scanner. Il n'y a plus de doute, j'ai bien un abcès, ma gastro-entérologue avait raison et je suis restée avec une semaine de plus alors que j'aurais pu être prise en charge beaucoup plus tôt ! Les radiologues me disent que c'est dangereux, que si l'abcès éclate on devra m'opérer en urgence et qu'il faut que je me rende en urgence à mon hôpital accompagnée du compte-rendu de l'examen. Ils insistent sur l'importance de me rendre aux urgences dans la demi-heure et non dans deux jours. Selon eux, c'est très grave. Je finis par me laisser convaincre de la gravité et de l'urgence de la situation et ressort en direction du métro, accompagnée de mon père et l'examen sous le bras.

Niveau moral, ce n'est vraiment pas top. Je suis à jeun depuis la veille au soir, je ne tiens pas debout, j'ai un mal monstrueux aux entrailles et mon père râle de devoir m'accompagner aux urgences.

Arrivée aux urgences de l'hôpital où je suis suivie, on me prend assez rapidement en charge, d'autant que selon eux j'ai de la fièvre. Eh oui, je réalise à cet instant précis que cela fait un mois au moins que je brûle de fièvre et que j'étais tellement dans le déni que j'ai juste pensé à des bouffées de chaleur et à des frissons. Au travail, j'étais parfois emmitouflée dans mes manteaux avec écharpe, doudoune interne et limite gants quand d'autres fois je finissais en t-shirt tellement j'avais chaud. Mes collègues ne comprenaient pas, moi je pensais que j'étais normale. Je réalise maintenant que j'avais de la fièvre depuis tout ce temps. Le choc est grand !! Ils me perfusent immédiatement et m'administrent un antalgique de type paracétamol pour faire redescendre la fièvre. Ensuite, j'ai le droit à une batterie d'examens dont une prise de sang. On me met dans un brancard et on me fait attendre avec mon paracétamol dans le bras... Une heure plus tard, les docteurs reviennent avec un air paniqué : "Vous avez 7 mg/L d'hémoglobine, c'est vraiment très bas, trop bas même, on devrait vous faire une transfusion sanguine". Ce à quoi je réponds : "Vous m'avez bien regardé ? Je suis thalassémique, j'ai 8 de tension quand je suis debout et 9 quand je suis assise et j'ai réussi à venir aux urgences à pied, avec de la fièvre !". Bon là ils comprennent que je n'ai pas besoin de transfusion, juste de manger et d'être soignée. Manque de bol, pour le moment ils ne pensent qu'à me laisser à jeun le temps de trouver une solution.

Ils finissent par me dire que je dois rester à jeun le temps que les radiologues de l'hôpital ainsi que les chirurgiens de gastro-entérologie regardent mon scanner, la taille de l'abcès, sa situation et comment le traiter. Et là... Grand moment de solitude, ils m'annoncent qu'ils vont me garder... pour une durée indéterminée !! Je réplique que je n'ai rien apporté et qu'il faut au moins qu'ils me laissent rentrer chez moi pour me faire un sac avec le nécessaire. Mais non, rien n'y fait, ils disent que mon père n'a qu'à y aller et revenir avec le sac. La déception que je ressens alors et le sentiment d'isolement et de désespoir sont si grands que des larmes coulent de mes joues, cela devient une habitude quand je suis aux urgences ma parole !


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