jeudi 16 décembre 2010

L'hôpital (ancien texte)

L'hôpital est un endroit réservé

Aux personnes en mauvaise santé.

Donc si vous allez bien vous n'êtes pas invités

Sauf si vous visitez vos proches hospitalisés

Ou que vous êtes docteur, infirmière ou interné.


Les murs sont blancs et carrelés

Ah mais non c'est un cliché.

En réalité il y a de la couleur

Une technique pour exprimer la douceur

Et ne surtout pas avoir peur.

Attention, voilà un docteur !


Bonjour, je viens pour une perfusion

Tant mieux nous en avons à profusion

De fer, je précise

Restez donc assise !


Voilà où nous en sommes

A l'hôpital on nous assomme.

A moins qu'on ne tombe dans les pommes?

Mais nous sommes tous des hommes.


(Ce texte a été écrit en juin 2009)

dimanche 3 octobre 2010

Le repos


Le repos, Pablo Picasso


Loin de Paris, loin de l'ordi, loin des rumeurs et des bruits, des ragots, des folies...

Des manigances, des envies !



A quoi bon écrire ? Quand tout va bien ?

C’est si rare. Je profite de ce rien.

Dans mon canapé, je profite de la vie.

Dans mon lit, je me crois à l’aise.

Plus rien ne me pèse.

La musique berce ma douce paresse.

Le soleil me caresse.

Je suis au Paradis.

mardi 21 septembre 2010

Mon ami l'Entocort


Entocort, c'est le nom donné à ces petites gélules bicolores. Qu'est-ce que l'Entocort ?

Tout d'abord, il faut savoir que ces petites là partagent mon petit-déjeuner tous les matins depuis le 13 mai. Je commence donc à bien les connaître.

L'Entocort est un médicament composé de budésonide, une forme de cortisone. Il a un usage très précis, qui est le traitement d'attaque de la maladie de Crohn -lorsqu'elle est localisée au niveau de la dernière partie de l'intestin grêle et/ou de la première partie du gros intestin- le traitement d'entretien ou encore la prolongation de la rémission.
Il s'avère efficace chez bien des patients, sous des formes de poussées légères à modérées.

Après avoir été sous corticothérapie (Cortancyl-Prednisone) d'octobre à fin février, j'ai fait une rechute alors que je me pensais guérie.
Après examen approfondi (coloscopie et IRM du transit du grêle), on m'a prescrit de l'Entocort car ma rechute opérait juste après une période de cortisone à haute dose et tout le monde sait que ce n'est pas bon pour l'organisme (ni pour la féminité, si vous voulez mon avis).

Depuis lors, j'ai pris 3 gélules par jour (9 mg) pendant 3 mois, ensuite je suis passée à 2 gélules par jour (6 mg) pendant 2 mois et je m'apprète à diminuer à 1 gélule par jour pendant 2 mois avant l'arrêt complet.

Ce traitement est beaucoup moins fort au niveau des effets secondaires que le Cortancyl et c'est un vrai soulagement de pouvoir se soigner sans trop en pâtir au niveau physique. Bon, il a aussi des inconvénients comme tout traitement, mais tellement peu comparé à son cousin le Cortancyl.

L'Entocort est peut-être l'alternative au Cortancyl et quoi de plus agréable pour un malade d'avoir un médicament qui traite uniquement sa pathologie ?
Ce qui n'est pas le cas des autres médicaments connus pour traiter les MICI, tels que l'Imurel, l'Inexium, le Méthotrexate, le Rémicade et autres remèdes du genre.

jeudi 5 août 2010

L'Hôtel-Dieu


J'ai senti une odeur familière, une odeur d'hôpital.
J'ai marché sans m'arrêter je ne voulais pas voir.
Trop tard.
Elle m'a frappé droit au cœur.
La pancarte.
L'Hôtel-Dieu.
L'endroit même où je suis née.
Atmosphère meurtrière pour le lieu même qui m'a donné la vie.
Et peut me la reprendre, à tout moment.

lundi 26 juillet 2010

La Javanaise



Souffrir...
Le martyr.
Mes entrailles s'amusent, elles courent, sautent, dansent, se tournent et se retournent, tourbillonnent, non sans un manque flagrant de discrétion.
Bercées par le rythme de la Javanaise, elles dansent sans fin, la chanson de Gainsbourg semblant ne jamais vouloir s'arrêter... Elle passe en boucle dans mon intérieur. L'intérieur de moi.
La seule solution que j'ai trouvé, pour arrêter ce massacre, arrêter cette douleur qui m'envahit à chacun de leurs tours, est de l'écouter.
La vie ne vaut d'être vécue... sans amour scande-t-il, fier. Mes entrailles s'émoustillent, tirent, crient, chantent, dansent, hurlent, tapent des pieds...
Que d'émotions !
C'est une salle de bal qui s'est ouverte à la lueur de mon estomac, des milliers de pieds s'y pressent, talonnent, tournent et tournent, et recommencent. L'immense salle de bal s'étend jusqu'à la longueur de mon iléon.
La fête n'est pas prête de s'arrêter...
Et je les entends chanter Nous nous aimions, le temps d'une chanson...

mercredi 21 juillet 2010

Saint Louis


Il a fallut que j'attende d'être à l'hôpital pour faire un malaise...
On peut dire que je suis bien tombée.

Adieu mon ami, adieu Saint Louis. Je ne reverrai plus mon beau docteur, ses yeux bleus clairs et son sourire. Je ne pourrai plus émettre d'hypothèse concernant l'inflammation que j'avais au pied. C'est terminé tout ça. A moins que mon érythème ne me revienne. C'est un sujet noueux.

Terminé. Officiellement, c'est un érythème noueux. Officieusement, un érythème noueux qu'en voulant soigner on a transformé en érésipèle. Fin.

mardi 22 juin 2010

L'appartement à Odéon

Vendredi 11 juin 2010 à 14h58...

Je sors du métro Odéon, il fait doux, le soleil tape sur la tête des passants qui se bousculent sur le trottoir. J'ai rendez-vous à 15h au 122 boulevard Saint Germain et je ne sais à quoi m'attendre...
Je traverse la route en coup de vent, manquant me faire écraser par une BMW qui ne connaît pas le sens des feux... ou dont le conducteur est daltonien, au choix.

J'entre dans un hall d'immeuble spacieux, je me sens toute petite d'un coup, et je passe une énorme porte cochère qui débouche sur des escaliers et un immense miroir.
En face de moi mon reflet, pas si mal compte tenu des derniers événements survenus dans ma vie. On ne pourrait se douter que je suis en pleine crise et que j'ai été hospitalisée 2 semaines consécutives, plus une semaine d'arrêt maladie...

Je gravis les marches une à une, profitant du tapis rouge qui s'offre à mes pieds, un tapis rouge à motifs luxuriants. Que c'est beau ici ! Quel luxe !
Arrivée à l'étage indiqué, je sonne, j'entre... et je me positionne derrière une dame. J'attends.
Quand vient mon tour, je dois fournir certains papiers, ordonnance et carte vitale. Puis la secrétaire médicale me gratifie d'un document où il est écrit, noir sur blanc, que je dois payer une avance de 70 €.
- Même si je suis prise en charge à 100%?
- Oui, c'est valable pour tout le monde, vous serez remboursée après!

Elle m'invite à aller patienter dans la salle d'attente au bout du couloir. Passé la porte, je me retrouve dans une pièce si large et si spacieuse qu'on se croirait dans une salle de banquet. Hallucinant, cet espace est haut-de-plafond et on peut y voir des moulures sur le plâtre blanc.
Je décide de m'asseoir dans un grand canapé en cuir noir. Très confortable. Et je me retrouve là, mon papier qui me réclame 70 € à la main, à penser que je n'ai pas l'argent sur moi. C'est beaucoup, beaucoup trop, ça doit sûrement payer la location de cet énorme appartement.

Le docteur m'appelle et c'est un peu désespérée que j'entre dans son cabinet. Il est gentil et souriant, me demande ce qui m'amène, etc etc. Je lui raconte brièvement l'histoire de ma cheville, de cette tâche rouge à cet œdème migrant, de l'érythème noueux à la maladie de Lime en passant par l'érysipèle... De tous les docteurs que j'ai consulté et qui n'ont rien fait de mieux que d'émettre des hypothèses, hasardeuses pour certaines, plausibles pour d'autres. Du fait que je suis en rechute de Crohn, mais que j'attends les résultats de mon IRM du transit du grêle pour être fixée sur sa gravité...

Il m'invite à enlever un des bas de contention que je porte afin d'enlever les dernières traces de l'œdème qui habite le bas de ma jambe droite depuis 2 mois, et m'enduit le pied d'une crème gluante. Puis il pose son instrument et le fait rouler sur mon pied. On regarde ensemble l'échographie même si ce n'est pas un bébé qu'on cherche là mais une réponse à mes problèmes. Je lui pose des questions, par exemple, quelle est la différence entre un doppler et une échographie. Il me répond gentiment que le doppler sert à regarder le système veineux tandis que l'échographie permet d'avoir une vue de l'ensemble des tissus.
- Merci, j'ai fait un doppler il y a un mois et on n'a rien décelé.
- Tant mieux, vous êtes trop jeune pour avoir des varices ou des problèmes de circulation.

Après réflexion et analyse, il ne découvre qu'un léger œdème sur le haut de mon pied droit, le reste sans doute de mes multiples problèmes. Selon ce que je lui ai dit et ce qu'il voit là, il me dit qu'il pense plus à une érysipèle. Je pense qu'il a raison mais j'avais bien un érythème noueux avant. On convient donc, tous deux, que j'ai eu un érythème noueux pour annoncer une rechute de Crohn, puis, qu'en essayant de le soigner avec de la cortisone locale, on a favorisé l'infection et je me suis retrouvée avec une érysipèle en plus de mon érythème noueux. Et pour Lime ? Il ne pense pas que ce soit cela. Au pire, je refais une 3ème sérologie de Lime mardi, on verra bien.

Je lui montre la feuille qui me réclame 70 €, il prend ma carte vitale et me dit de patienter en attendant qu'il imprime les photos de mon échographie.
- Où dois-je payer ?
- Vous ne payez rien, vous êtes remboursée à 100% !
...
Immense soulagement pour mon portefeuille et pour moi !

Je passe à la caisse, la secrétaire médicale me tend l'enveloppe contenant mes résultats, me rend ma carte vitale et soupire de mécontentement que je ne doive rien régler...
Vive la veinalité !

Je ressors et je me dis que la prochaine fois que j'aurais une échographie à faire pour ma maladie de Crohn, je viendrais là. Parce que c'est beau, spacieux, luxueux et que pour moi, tout ce luxe est gratuit ! Si je devais juger de la qualité de l'accueil, de l'entretien, du confort, et de l'examen, je mettrais bien ***** .


Avis aux femmes enceintes qui résident à Paris,


Centre d'échographie de l'Odéon122 Boulevard Saint-Germain, 75006 Paris01 55 42 77 00

vendredi 7 mai 2010

Guide Touristique des Hôpitaux de Paris

Sur la blogosphère dominent la mode, la musique, le dessin et la photographie. Pour la première fois en France, j’ai décidé de publier en exclusivité un Guide Touristique des Hôpitaux de Paris.
Qui n’a jamais eu un pépin de santé ? Qui n’est jamais allé aux urgences au moins une fois dans sa vie ? Qui aimerait que son séjour à l’hôpital soit le moins pénible possible ?
Pour vous, j’ai choisi de répertorier les Hôpitaux de Paris dans lesquels je séjourne et de les comparer. Enjoy !


Hôpital Saint Louis, 1 avenue Claude Vellefaux, Paris 10ème
Bâtiment principal, 5ème étage, Dermatologie, Myosotis


Environnement :

• Chambres doubles
• Espace clair et spacieux doté de 2 lits, 2 tables de chevets, 2 armoires, 2 fauteuils, 2 tables à manger, 2 chaises, 1 bureau, 1 tabouret et une salle de bain avec sanitaires et lavabo
• Douche sur le pallier (serviettes en papier jetables fournies)
• 2 fenêtres avec stores (dont 1 cassé) avec vue sur le hall et le toit de l’hôpital

Confort :

• Lits adaptables grâce à une télécommande électronique
• Petite alarme si besoin de quelque chose
• Lumière réglable grâce à une télécommande électronique
• Chauffage mural
• Au bout du couloir : 3 sièges à disposition avec vue sur Paris et ses monuments principaux (Tour Eiffel, Sacré Cœur et Tour Montparnasse)

Services :
• Tarif bas : 18€/jour, bon rapport qualité-prix
• Repas compris : petit déjeuner et goûter : buffet au choix, déjeuner et dîner, pas de choix : qualité médiocre et goût désastreux
• Changement régulier des carafes et verres d’eau
• Nettoyage impeccable à part les murs de la chambre
• Room service nickel

Spécialités :

• Visite de 10 docteurs d’un coup dans la matinée = pas de risque de mauvais diagnostic
• Visites régulières d’infirmières pour tension/température/saturation = très bon suivi
• Examens médicaux in bed (variante du bed & breakfast)
• Visites personnelles autorisées de 13 à 20h30
• Admissions/sorties : temps d’attente assez long (20 à 40 minutes)

Bonus :
• Une voisine de chambre qui ronfle comme une cheminée d'usine
• Des jolis points de suture en fils barbelés (suite à la biopsie)
• Une prise de sang en plus de la première pour cause d'oubli d'analyse spécifique
• Taxi commandé par la dame de la "petite maison en bois"

Conclusion : Hôpital **



Hôpital Saint Antoine, 184 rue du Faubourg Saint Antoine, 75012 Paris
Bâtiment Jacques Caroli, 8ème étage, Gastro-entérologie


Environnement :
• Chambre simple
• Mélange de bois et de plâtre blanc
• Espace épuré et apaisant doté d’1 lit, une table de chevet, 1 placard, une table à manger, 1 fauteuil, 1 tabouret et une salle de bain complète et spacieuse : sanitaires, douche, lavabo
• 2 fenêtres avec stores automatiques et vue sur Paris (Tour Eiffel, Notre-Dame de Paris, Panthéon, Génie de la Liberté sur la Colonne de Juillet de la Place de la Bastille, Centre George Pompidou, etc)

Confort :
• Lit adaptable grâce à une télécommande électronique
• Petite alarme si moindre besoin
• Lumière réglable grâce à une télécommande électronique
• 2 chauffages muraux
• Petit évier en inox sur un plan de travail en bois juste en dessous de la fenêtre

Services :
• Tarif bas : 18€/jour, très bon rapport qualité-prix
• Repas compris : choix des repas 24h à l’avance avec une infirmière, du coup repas très bons et copieux, nourriture de bonne qualité
• Nettoyage nickel à part les tâches irréversibles de rouilles + traces
• Personnel accueillant et très agréable (aucun favoritisme, je suis incorruptible bien que ce soit l’hôpital dans lequel je suis suivie et que je les connaisse bien ;-)
• Infirmières dévouées et patientes

Spécialités :
• Visites assez régulières d’infirmières pour température et tension = bon suivi
• Pas plus de 2 personnes dans la chambre = calme et pas d’agression par les docteurs
• Peu de suivi pour la préparation à l’examen
• Visites personnelles autorisées de 13 à 20h mais possibilité de venir à toute heure
• Consultation anesthésiste : temps d’attente beaucoup trop long (1h30 à 2h) = moyen d’endormir les gens de façon naturelle ?!
• Examen : même salle d’attente que la consultation anesthésiste et temps d’attente assez long (30 minutes à 1h) = pyjama Snoopy et chaussons en face de gens habillés normalement
• Admissions/sorties : temps d’attente très faible (5 à 15 minutes)
• Anesthésistes marrants (grand sens de l’humour)

Bonus :
• Une prise de sang + une autre pour dosage Imurel oublié
• Une solution laxative qui donne la nausée et qui fait encore effet les jours d’après
• Placard et chambre verrouillés quand absente de la chambre = sécurité maximum
• Hublot de la porte d’entrée en bois très appréciable pour jeter un œil dans le couloir
• Tour Eiffel qui scintille juste en face de moi quand je suis au lit la nuit

Conclusion : Hôpital ***



Maison de Solenn -Maison des Adolescents-, 97 boulevard de Port Royal, 75014 Paris
2ème étage, Hospitalisation
Du 19/12/2005 au 23/12/2005

Environnement :
• Chambre simple
• Chambre moderne avec design épuré, couleurs apaisantes et baie vitrée
• Espace ouvert vers la lumière extérieure doté d’1 lit, une table de chevet, 1 placard, une table à manger, 1 fauteuil, 1 bureau et une salle de bain complète et spacieuse : sanitaires, douche, lavabo
• 1 baie vitrée avec vue sur la rue

Confort :
• Lit adaptable grâce à une télécommande électronique
• Petite alarme si moindre problème
• Intensité de la lumière réglable à l'aide d'une télécommande électronique
• 2 chauffages muraux
• 1 grande baie vitrée qui permet d'éclairer toute la chambre à la lumière du jour
• Poufs dans le couloir, salle TV avec écran plasma, lecteur DVD et canapés
• Baie vitrée sur toute la façade du bâtiment qui donne vue sur La Pitié Salpêtrière, la rue, le soleil et un petit bout de Paris

Services :
• Tarif bas : 18€/jour, très bon rapport qualité-prix
• Repas compris : repas pris au self en compagnie de tout le monde, ambiance conviviale, nourriture de bonne qualité, certaines denrées sont à volonté
• Nettoyage nickel, rien à redire, tout est clair et lumineux
• Personnel accueillant et très agréable, des esthéticiennes sont là en plus pour s'occuper de nous
• Infirmières dévouées et patientes

Spécialités :
• Prise de température et de tension 2 fois/jour = pas de harcèlement
• Pesée tous les matins = contrôle absolu des variations de poids
• Aucune visite personnelle autorisée = favorise la cohésion au sein du groupe, un peu comme une colonie de vacances
• Appels limités : entre 13/14h et 18/21h
• Admissions/sorties : aucun temps d'attente (5 minutes, tout au plus)

Bonus :
• Médicaments préparés tous les matins dans des petits tubes : tubes matin/midi/soir
• La salle commune confortable et accueillante = comme si on était à la maison
• Chambre verrouillée quand absente de la chambre = sécurité maximum
• Coupe de cheveux gratuite + 1 produit de soin capillaire offert
• Soin de relaxation visage offert par une esthéticienne bénévole
• Accès à une bibliothèque, à des ordinateurs et à l'Internet : tout ça gratuitement
• Entretien avec Cauet, "star" de la radio et de la TV françaises + autographe pour le petit frère en Bonus ;-)
• Exposition des créations des résidents de la Maison des Adolescents au Rez-de-Chaussée
• Atelier perles, chant, cuisine, massage, lecture, et toutes sortes d'ateliers créatifs (pour ma part j'arbore fièrement la paire de boucles d'oreilles en perles de rocaille que j'ai créé là-bas, et je me rappelle encore d'Alain Souchon et de sa Foule sentimentale qu'on a chanté devant le directeur de la Maison, que d'émotions!)

Conclusion : Hôpital ****


mardi 4 mai 2010

Routine

7h45. Le réveil sonne. Je l’éteins et me rendors.
8h02. Ma tête oblige mon corps à sortir de la torpeur dans laquelle il est plongé, je dois aller au travail. Mon pied me fait mal...
8h10. Je me retrouve sur le trône, à me vider. Comme d’habitude.
8h14. Je me réfugie dans mon lit. Un vertige, un haut le cœur m’ont désorienté.
8h19. Les voix à la radio me donnent le courage de me relever, bien que la pièce soit vide.
8h35. Je ferme la porte à clé, prête pour la dure journée de labeur qui m’attend.
8h45. Le métro arrive. J’ai tellement mal à ma cheville et à mon pied gonflés. Mais je monte, comme si de rien n’était. Les gens sont serrés comme des sardines à l’huile. J’oublie mes soucis un instant en suffocant à cause de l’odeur nauséabonde de certaines personnes qui ne connaissent pas le savon.
9h02. Je sors de la bouche de métro. Anvers. Temps grisâtre. Paris grise ville nuageuse et sombre. Le ciel est menaçant. Je me presse.
9h07. Personne au local... Je sors mes clés et me bats pour ouvrir la porte de la société dans laquelle je fais mon stage.
9h10. Je m’installe. A peine installée que je reçois un appel.
9h22. Renaud arrive. Enfin. Je ne suis plus seule. Mais j’ai toujours mal.
10h03. La patronne arrive. Retour de vacances = grasse matinée ? Pour elle oui en tout cas ! Et hop au travail tout le monde.
11h16. Je regarde l’heure sur l’ordinateur, mon pied a recommencé à gonfler... J’essaye de le surélever à l’aide d’un tabouret... Sans succès, le sang a carrément arrêté de circuler et ma peau a l’air moisie à cet endroit.
12h01. Je prends mon mal en patience et attends la pause de 13 heures avec impatience.
12h57. Je me prépare, rassemble mes affaires et dis au revoir.
13h00. Je passe la porte cochère. Et j’ère dans la rue.
13h09. Je trouve un restau italien, j’ai faim ou je me dis que manger me fera du bien, alors j’entre. Je suis seule. Comme à mon habitude.
13h11. On m’installe à une table. 4 tasses à café trônent sur cette table. Vides, délaissées...
Elle les remporte. Et c’est à mon tour de me sentir vide et délaissée.
13h13. Je choisis mon menu. Et je me prépare à manger en tête à tête avec moi-même.
13h16. Je me noie dans la mayonnaise de mes œufs. Il y en a trop pour moi. Comme beaucoup de choses de ma vie. Toujours trop. Il n’y a pas de demi-mesure.
13h29. Le plat de spaghettis bolognaise remplit à ras bord me rappelle l’assiette de mon grand-père...
13h51. J’ai terminé et la serveuse emmène le plat vide et creux, comme mon grand-père, il s’en va.
13h54. La crème caramel arrive. Flamboyante. Passionnée. Comme moi aux temps passés.
13h57. Pas eu le courage de la terminer, pas envie de ne plus être celle que j’étais. Je ne peux pas m’empêcher de penser au passé. Comme j’étais heureuse avant.
13h59. L’addition s’il vous plaît. Laissez-moi partir et faites comme si vous n’aviez rien vu. Il pleut dehors, mon visage est le reflet du temps.
14h03. Je suis de retour là où je travaille. La routine peut reprendre son cours. Sauf que j’ai mal au pied...
14h04. Toilettes. RAS.
14h05. Je reprends mon poste. Mon pied me gonfle.
15h17. J’ai mal à la cheville et au pied. Au ventre aussi. Quand est-ce que c’est fini ?
16h00. Plus que 2 heures et ensuite repos et liberté.
17h07. Plus qu’une heure. Je pense de moins en moins. Je n’ai qu’une envie m’évader, aller dans mon lit, me reposer.
17h30. J’ai mal. La douleur n’est pas partie, elle progresse même. J’attends 18h avec encore plus d’impatience qu’avant et je pense à des jours meilleurs...
17h45. Plus qu’un quart d’heure à tenir. C’est le pire moment, quand on voit passer les minutes qui nous séparent de la liberté.
17h59. Au revoir patronne ! Au revoir Renaud !
18h01. Je marche activement vers le bus. Mon pied gonflé me fait mal et me fait boiter, ça m’énerve.
18h04. Je vois le bus arriver.
18h05. J’ai couru pour monter dedans. La douleur augmente...
18h06. Je m’assois à la place du mort. Choix judicieux. C’est la seule place qu’il restait.
18h16. Je somnole sur mon siège.
18h27. Je suis arrivée et je sors du bus non sans mal.
18h35. Je marche, je boite comme une éclopée, je lutte pour arriver chez moi.
18h40. Arrêt pharmacie. J’ai trop mal, je veux qu’on me soulage.
18h45. Je fais la queue. Debout. Mon pied gonflé, j’ai mal.
18h47. Le pharmacien me dit d’aller aux urgences.
Mais j’y suis déjà allée lundi dernier !!!
18h48. « Rentrez chez vous, prenez vos antibiotiques, reposez vous et tout ira bien ! »
18h54. Je suis chez moi, je prends mes antibiotiques et j’attends...
19h00. Envie de dormir...
19h24. La douleur ne s’en va pas.
19h43. Tout ne va pas bien.
19h56. Mon pied est toujours aussi gonflé.
20h08. Ma cheville toujours aussi rouge.
20h17. J’ai toujours aussi mal.
20h22. Je mange.
20h42. Je regarde une série.
21h01. Toilettes. Je me vide, comme d’habitude.
21h32. J’en ai marre d’avoir mal.
21h36. Je décide d’écrire pour aller mieux.
21h38. J’ai la nausée.
21h42. La fatigue me gagne.
22h04. Je me mets au lit.
23h07. L’ordinateur s’éteint avant que j’ai fini d’écrire...

mercredi 28 avril 2010

Urgences

J'ai fait comme si de rien n'était. Ce truc, je l'ai depuis un mois et demi.
Au début ce n'était rien qu'une tâche rouge, comme un gros bleu. Puis, il a pris de l'ampleur, la tâche rouge a enflé... Je me suis cognée et l'enflure est descendue au niveau de la cheville. Puis la zone est devenue rouge, de la tâche à la cheville... Violet ensuite. Puis le pied a gonflé. Puis tout est devenu rouge et gonflé. La douleur était proportionnelle à la laideur de la chose.

Je suis allée voir le généraliste, il n'a pas su ce que j'avais. Quelques clics et une page Wikipédia plus tard, il a pensé avoir trouvé. Un érythème noueux.
"Ça va avec ta maladie, c'est sûrement ça".
Direction l'hôpital pour voir ma gastro-entérologue. Le dermatologue du service et des triturations plus tard, ils en ont conclu que c'était bien un érythème noueux. Mais ils n'étaient pas certains de leur diagnostic... Cortisone oral 10 mg/jour et local crème 2 fois par jour. Au bout de trois jours, rien n'y fait, le gonflement augmente et la douleur aussi.

On est jeudi, il est 17h30 et d'un coup la douleur est fulgurante, je peine à me lever, j'ai tellement mal que je boîte. C'est tout rouge et tout gonflé, ça fait peur à mes collègues et ma patronne me dit d'aller à la pharmacie et de rentrer chez moi. A la pharmacie on me donne de quoi ne plus avoir mal... Mais ça ne marche pas. Ma meilleure amie arrive, on me donne de la glace à appliquer sur ma cheville. On rentre en bus. Elle m'aide à rentrer à la maison. Je m'appuie sur elle, comme souvent. Arrivée là je me mets au lit, un coussin sous la cheville et je ne bouge plus.
Quand je ne sens plus ma cheville, j'essaye de me relever, la douleur me reprend, je ne peux plus poser le pied par terre. Repos jusqu'à nouvel ordre.

Le lendemain je passe la journée allongée. Je vais devenir folle si je passe le weekend au lit! Le samedi soir, je décide de sortir, même si je sais que ce n'est pas une solution. Je n'en peux plus de ce truc qui me cloue au lit et m'empêche de marcher. Je réussi à me traîner jusqu'au métro, mais je boîte et j'ai mal. Deux amies sont là pour m'aider, on arrive au concert, je m'assois. C'est dur de rester debout. Peu à peu la cheville est tellement gonflée que je n'ai plus mal. Je peux à nouveau marcher quasiment normalement.

Le lendemain repos. Le lundi travail. Vers 17h, il m'arrive la même chose que la dernière fois. La douleur revient, le gonflement aussi, j'ai du mal à marcher. On me laisse finir plus tôt, je file aux urgences. Hôpital Saint Louis. Pas beaucoup de monde dans la salle d'attente. On me prend en priorité. On me met dans un lit, dans une chambre et on me dit d'attendre... J'attends un quart d'heure, une demie-heure, une heure... Et une interne arrive. Elle m'ausculte, ne trouve pas ce que j'ai, sort. Une demie-heure plus tard, 4 dermatologues et l'interne débarquent dans ma chambre. Tout ça pour moi? Ça ferait presque peur ! Tout le monde y va de son hypothèse, on me triture la tâche, le gonflement, on appuie dessus, ça réveille la douleur... Bilan sanguin + radio cheville + radio thorax et éventuellement échographie cheville. Sur ces belles promesses, ils s'en vont.

Une demie-heure plus tard, on me pique, on me pète la veine (encore!), on me repique, on réussit à extraire mon sang, on me laisse la main avec un bleu, 2 trous et un énorme pansement à l'endroit où on me perfusera peut-être... Ensuite direction la radiographie. Le brancardier revient me chercher, c'est marrant d'être allongée dans un lit et d'être transportée par quelqu'un que vous ne connaissez pas. Je tente d'établir le contact, il est plutôt sympa. Je me sens dépendante et faible. Se faire traîner dans tous les couloirs de l'hôpital affalée dans un lit, ce n'est pas vraiment plaisant. Retour dans la chambre. Puis on me met dans le couloir, la chambre doit être libérée pour accueillir quelqu'un d'autre. Je me retrouve dans le couloir des urgences, aux yeux de tous. La douleur choisit ce moment pour faire sa réapparition... J'ai tellement mal que je ne bouge pas. Les larmes me montent aux yeux, elles coulent le long de mes joues amorphes, je ne fais aucun bruit, je pleure en silence, je prends mon mal en patience. Je suis seule. Personne n'est là autour de moi. Personne n'est là pour moi. Les internes passent et repassent sans me regarder, je ne suis qu'un élément du décor, une pauvre fille coincée dans son brancard...
Puis, l'interne qui s'était occupée de moi repasse, jette un coup d'œil et s'aperçoit de mon état. "Qu'est-ce qui ne va pas?" "La douleur s'est réveillée..." Elle revient avec un calmant et je peux me rallonger en attendant d'avoir moins mal.

J'attends... longtemps les résultats de mon bilan sanguin et de mes radios. J'attends tellement longtemps que la douleur s'en est allée. Je me remets à vivre petit à petit. Je sors un livre, à boire, à manger. Je recommence à bouger. Enfin, n'y tenant plus je sors de mon brancard, je vais dans le couloir, je demande à rentrer chez moi :
"Je peux marcher maintenant je ne sens plus rien".
"D'accord, on vous donne votre ordonnance et vous pouvez rentrer. On vous rappelle demain et si jamais ça ne va pas mieux on vous interne".
Mon ordonnance à la main, un au revoir, et une porte coulissante plus tard, je me retrouve dans le sas.

Je me suis liée d'amitié avec une fille de mon âge qui accompagnait son homme, elle me prête son portable pour appeler les miens... qui ne se soucient pas de mon état. Celui sur lequel je pensais pouvoir compter me prouve que j'avais tort. J'appelle l'autre.
Je suis seule, il est 23h, j'ai la cheville enflée, j'ai passé 5 heures aux urgences mais je n'ai "qu'à rentrer en métro". Merci Papa !
Je sors de l'hôpital, il fait nuit, je peine à marcher, mais je ne sens plus la douleur...
Celle de mon cœur, elle, est beaucoup plus présente... des larmes s'échappent de mes yeux et je sors des urgences comme j'y suis entrée, seule.

jeudi 1 avril 2010

Le citron pressé


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Je m’appelle ***** et je vous emmerde.
Meilleure phrase de présentation je ne vois pas.
C’est assez ironique en fait puisque je suis tout le contraire.
Je pense d’abord aux autres avant de penser à moi. Je fais tout au mieux pour satisfaire tout le monde. Mais les gens ne sont jamais satisfaits, ils en veulent toujours plus.
Jamais ils ne s’arrêtent...
Et moi je me donne sans compter et je suis fatiguée. Fatiguée de tant donner à des gens qui ne le méritent pas forcément. Fatiguée de me faire presser jusqu’aux pépins et jeter comme un vulgaire citron usé. Je ne suis pas un robot, je ne suis pas une poupée, je suis une humaine.
Je suis vulnérable comme tout le monde. Même si je ne laisse rien paraître.
Mais j’ai compris pourquoi on me demande tout, on me confie le sale boulot, on me rabaisse, on en veut toujours plus... C’est parce que je suis trop gentille.
Je ne sais pas dire non. Ironie pour celle qu’on traite comme une poupée. Et le pire dans tout ça c’est que je tombe sur des gens... horribles avec moi.
On me traite d’hypocondriaque...
On me dit que je me cache derrière ma santé.
Mais si vous arrêtiez de me presser le citron si fort, si vous me laissiez couler tranquillement je ne serais pas dans un si piteux état !
De moi il ne reste que les pépins, vous m’avez tant pressée...

jeudi 7 janvier 2010

Indienne Bohémienne Bohème

Je sors. Il fait froid dehors. Il est 8 heures du matin. Les trottoirs et les voitures sont recouverts d’un manteau blanc. Et moi je suis emmitouflée dans un manteau marron. Un manteau d’Indien ou d’Esquimau, au choix.

Je tente tant bien que mal de ne pas glisser sur la piste de luge improvisée par Dame Nature. Pas envie de tomber maintenant, pas le temps de m’amuser là. Je suis déjà en retard. J’arrive à la bouche de métro et m’y engouffre en coup de vent. Vite, le RER C, le pire RER qui existe après le A, ou avant, au choix. Problèmes de voies, train annulé, passager malade, tout y passe. Pourtant j’avais prévu de l’avance.

C’est pas mon jour. Sur le RER C, c’est jamais votre jour. Coincée entre tous ces gens comme une sardine dans une boîte, je pense à la mer. Aux vacances. Et la sonnette du RER me sort de ma transe. Je peux enfin m’asseoir, je trouve une place au milieu de toutes ces sardines à l’huile, ces gens pressés, désespérés du RER C. Je sors mes cours, mes fameuses feuilles de Techniques du Commerce International, ou comment faire passer de la coke à la douane. Et j’entends :
- Tu es à l’IUT toi aussi ?
- Oui, pourquoi ?
- On est en retard pour les partiels, à 4 ça passera mieux que seul, une chance qu’on se soit trouvés !
Des gens de mon IUT, génial ! Au moins je ne suis pas seule, je ne suis plus seule. Mais je me sens seule.

Depuis quelques temps, j’ai l’impression que mes amis sont moins présents. Je ne les blâme pas, ils ont leur vie à gérer et d’autres choses à faire. Mais moi je vais mal, peut-être plus mal encore que quand j’étais en crise. Là aussi je suis en crise, mais d’une autre façon. Je suis insomniaque depuis un mois. Au départ, c’était à cause de la cortisone. Plus maintenant, je n’en prends plus depuis que je suis guérie. Mais je ne dors plus la nuit. Des idées se tournent et se retournent dans ma tête et je fais la même chose dans mon lit. Ce n’était pas gênant au début, maintenant ça l’est un peu plus.

Depuis une semaine, je suis en partiels. Depuis une semaine, je dors 3 heures par nuit. Depuis une semaine, je m’endors en partiels. Depuis une semaine, mon corps est flétrit. Je me sens fanée, moisie. Je n’ai plus d’énergie. Le jour mon corps se décompose et la nuit il revit. Je mange n’importe quoi à n’importe quelle heure. Dès que je sens que l’énergie s’évapore, je me nourris. Du coup, j’ai mal au ventre. J’ai l’impression que les acides de mon estomac remontent le long de mon œsophage. Ma bouche est sèche et mon haleine putride. Mes yeux tirent, ils sont desséchés comme ma bouche, le blanc n’est plus blanc, il vire au jaune. Ma peau, pas maquillée, plus le temps et plus l’envie de le faire, n’est pas blanche. Elle est diaphane. La neige à côté à l’air éclatante. Moi j’ai l’air d’un fantôme. C’est peut-être ce que je suis. On me fait la remarque D’où tu sors ce teint livide et cette tête d’enterrement ? Je ne réponds rien, pas envie d’étaler ma vie.

Ma vie ? Une catastrophe, une hécatombe, comme mes partiels. Il n’y a pas que les partiels dans ma vie, mais le reste est tout aussi nul, voir pire. Je suis sur le chemin du retour, j’ai fini ma journée, enfin mes partiels d’aujourd’hui, il me reste ceux de demain. Je marche sur la neige, prenant garde de ne pas trébucher, pas envie de m’amuser. Et j’avance, j’avance sans m’arrêter, pressée d’être rentrée, bien au chaud, chez moi. Je mets ma capuche, capuche à fourrure, fourrée. J’ai l’air d’une Indienne Bohémienne Bohème. Et c’est une vie rêvée. Une vie libérée. De toutes ces obligations, ces responsabilités, ces soucis qui me minent.

Résignée, je tourne ma clé dans la serrure et pose mes pieds sur le parquet.

lundi 4 janvier 2010

Contrôles automatiques

Pour votre sécurité, contrôles automatiques.
Ce panneau, sur l’autoroute, ressemble à un avertissement. Il me fait penser à ma vie, ou plutôt à mon médecin. Pour éviter que votre état n’empire, faites des prises de sang et des examens toutes les semaines. Pour le moment, je m’évade. Dans la voiture sur l’autoroute, bouchons m’empêchant d’avancer, de m’enfuir de cette ville où j’ai tous mes souvenirs. Paris, là où je suis née, là ou j’ai grandi, là où mon grand-père a été incinéré, là où j’ai pleuré, là où j’ai appris que j’étais malade… à vie, là où je l’ai rencontré. J’ai besoin de m’éloigner de ma ville, de lui, de ma vie. J’ai besoin de prendre du recul par rapport à ce qui m’est arrivé ces derniers temps. Trop de choses à vrai dire et j’en ai été dépassée. Tellement dépassée que j’en ai rechuté. Non, je ne parle pas d’une drogue mais de ma maladie. Enfin l’une de mes maladies. Et oui, j’en ai deux, cadeaux de naissance de mes parents. Enfin, la bêta-thalassémie vient de mon grand-père qui l’a transmis à ma mère qui me l’a transmise. C’est dans le sang, on n’y peut rien. On est italiens, du Sud.
Quant à la deuxième, la maladie de Crohn, elle m’a été offerte par mon père. Mais ce n’est pas sa faute, elle n’est pas héréditaire. On a juste eu le malheur d’avoir le même caractère. Mon grand-père est mort, j’ai tout gardé en moi et hop, jackpot ! Après avoir attrapé la salmonelle, j’ai contracté la maladie à 15 ans. Depuis j’alterne périodes de plénitude où tout me sourit : famille, amour, amis, santé, travail et périodes où rien ne va. Tout s’écroule et je me retrouve au simple état de larve, ce qui est très dégradant et effrayant à la fois.

Au départ, ça a été très dur. J’ai cru que je ne m’en sortirais pas. Pendant des mois je n’ai pas su ce que j’avais. Je mangeais et j’allais aux toilettes. C’est tout ce dont je me souviens. Ma docteur de l’époque a tout essayé mais sans succès. Smecta, Imodium, Gellules, Suppo, tout. Mais je continuais de me vider après les repas. Et, pire encore, je maigrissais à une vitesse affolante et je perdais de plus en plus de cheveux. Mes deux plus proches amies me croyaient anorexique alors qu’elles me connaissaient mieux que personne et savaient que j’étais de nature bonne vivante et gourmande. C’était horrible, ce sentiment d’impuissance devant ce qui m’arrivait. Et surtout, de perdre la confiance de mes amis qui ne voyaient en moi qu’une fille ayant besoin d’attention. J’arrivais malgré tout à vivre à peu près normalement. Je me levais le matin, j’allais en cours, j’allais aux toilettes à chaque fin de cours, et le midi, je mangeais. Mais à partir de ce moment là, tout basculait, j’avais des douleurs abdominales qui n’en finissaient pas et je tentais tant bien que mal de suivre les cours pour oublier. Mais c’était peine perdue. La douleur était telle que j’étais obligée de me plier en deux au dessus de mes cahiers jusqu’à ce que ça passe. Ça pouvait durer des minutes, des heures ou des après-midi entières… mais je tenais le coup, je n’avais pas le choix. Sinon le reste du temps une douleur diffuse habitait mes entrailles. Ma foi assez supportable. Dans ces moments là, je suivais les cours comme une personne normale et j’appréciais de pouvoir vivre ces quelques instants de répit. Je me rappelle de mes fous rires avec Zach en Physique, en Français, en Maths, surtout en Maths. J’avais assez d’énergie pour rire de tout et de rien, même quand j’avais mal. Et parfois même, les fous rires parvenaient à me faire oublier la douleur. Mais arriva un moment où j’atteins un point de non retour. J’étais maigre, les joues creuses, les bras crevettes, la peau diaphane, le crane à ciel ouvert, l’œil hagard et la bouche desséchée. Ma docteur s’en rendit compte et une idée lui traversa l’esprit.
- Ton père a bien la maladie de Crohn, non ? me demanda-t-elle alors que je m’apprêtais à partir.
- Euh… oui. Pourquoi ?
- Parce que c’est peut-être ça que tu as. Je vais t’envoyer chez un gastro-entérologue (spécialiste).

On était au mois de novembre et ça faisait à peu près six mois que je me trainais ça, sans pour autant savoir ce que c’était. J’allais donc chez ledit spécialiste qui me palpa le ventre. Tout d’abord, j’eus peur qu’il y découvre un vers solitaire, solution que j’avais envisagée dernièrement aux vues de mon état. Puis, j’eus peur qu’il découvre une malformation quelconque à l’intérieur de mon ventre. Et enfin, ce que je redoutais le plus, j’eus peur qu’il ne décèle rien, mais vraiment rien, et que je ne sache jamais le mal qui me rongeait ni comment faire pour l’éradiquer.
Fort heureusement pour moi, rien de tout cela n’arriva. Il me dit simplement « Vos intestins sont tendus, il me faut un examen plus approfondi. » Et il fut convenu d’un jour et d’une heure, dans une clinique pour enfants, pour un examen du nom de coloscopie. Je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait être mais lorsqu’on me l’expliqua je regrettais ma décision d’avoir accepté sans broncher… En tout, l’examen nécessitait deux jours d’hospitalisation. L’hôpital ? Super ! D’autant que je n’y étais jamais allée à part pour mon opération des végétations à 4 ans. Opération qui m’avait d’ailleurs grandement soulagé. Mes tympans souffraient le martyr lors de ces otites chroniques qui m’attaquaient sans relâche. En y réfléchissant bien, je crois que j’ai toujours souffert. Depuis ma plus tendre enfance à maintenant, et ce n’est pas fini. J’ai l’impression que je suis née pour souffrir. J’aurais préférée être née pour réussir, comme la majorité des gens, mais on ne choisit pas sa vie, ni son destin.

J’entrais donc dans ce qui allait être ma demeure, ravie de trouver une chambre vide et donc d’avoir le bonheur de connaître une solitude totale pendant deux jours entiers. Ce bonheur fut éphémère… un quart d’heure plus tard une jeune adolescente entrait avec ses parents et je savais que je ne serais plus seule durant mon hospitalisation. Elle avait l’air gentille, une fois nos parents respectifs partis, nous fîmes connaissance. Opération des amygdales pour mademoiselle, ça n’allait pas être de tout repos non plus. Puis, on nous apporta des médicaments postopératoires et c’est là que je compris une chose essentielle. La coloscopie est le pire examen médical qu’il m’ait été donné de vivre. Je le place même devant l’IRM. Sans hésiter. Le plateau-repas de l’hôpital n’était déjà pas très attrayant, mais au milieu de ces pâtes non salées et trop beurrées et de ce poisson sans goût, on m’obligea à croquer une espèce de chose marron, dure et visqueuse à la fois. Au contact de ma langue, un haut-le-cœur me souleva. C’était abominable, je recrachais, je ne pouvais pas avaler ça. Mais l’infirmière, intransigeante, ne me laissa pas le choix. Bouche-toi le nez ça ira plus vite. Et hop, ce truc révulsant descendait déjà le long de mon œsophage, mélangé à un yaourt Mamie Nova à l’arôme fraise. Parce que ça passait mieux, me disait-elle. Je croyais le calvaire fini, pour moi ça suffisait largement et j’avais eu ma dose, quand on m’apporta deux énormes carafes d’eau. Je ne compris pas pourquoi tant d’eau pour ma si petite personne. On me détrompa en m’expliquant que ce n’était pas de l’eau mais une solution laxative que je devais boire en intégralité sous peine de faire échouer l’examen. D’accord, très bien, si ce n’est que deux litres à boire, il n’y a pas mort d’homme. L’infirmière me regardait d’un drôle d’air… je compris trop vite pourquoi. A peine avais-je bu une gorgée de ce charmant breuvage, qu’une nausée s’empara de moi. Mais quelle était donc cette infâme boisson ? Je n’avais jamais rien goûté d’aussi répugnant de ma vie. Je n’avais pourtant pas le choix. Il fallait que je boive ces 2 litres de boisson avant minuit, heure à partir de laquelle je devais être à jeun pour mon examen. Je pris donc mon courage à deux mains et me forçais à boire cette horrible mixture. L’infirmière, pour atténuer la désagréable sensation qui m’envahissait à chaque gorgée, avait apporté du sirop de citron. J’essayais donc de mélanger ces deux breuvages et bu le résultat de mon expérience. Beurk ! Le goût salé n’était pas caché par l’acidité du citron et, pire, un arrière goût acide restait dans ma bouche après avoir avalé la gorgée. Devant mon expression dégoûtée, l’infirmière et ma camarade de chambre en conclurent que ce n’était pas une bonne idée. Elles me regardaient d’un œil compatissant et j’avais l’impression de passer une épreuve d’entrée dans un club ou une secte. Mais je n’aimais pas attirer l’attention. Aussi, j’allumais la télé et entrepris de nous dégoter, à ma voisine et à moi, une émission assez divertissante pour nous faire oublier notre malheur. Ces quelques instants sans boire l’infâme breuvage me remirent d’aplomb et d’humeur légère. Ma voisine, Mathilde, et moi en venions même à rire quand l’infirmière entra, un chariot devant elle. Pour qui pouvaient bien être ces médicaments qu’elle apportait ? …
C’était pour moi. Encore.
- Mais à quoi ça sert et par où ça se met ? demandais-je naïvement.
- C’est un lavement et ça se pulvérise à l’endroit où on met les suppositoires.
Euh… C’était une blague là ? Avec tout ce qu’on m’avait fait subir on voulait encore me rajouter quelque chose ? J’allais protester quand mes entrailles exprimèrent leur colère d’un coup. La douleur fut telle que je courais presque de mon lit d’hôpital aux toilettes. Je m’assis. Et je compris. Je compris ce que signifiait le mot laxatif. J’étais habituée à me vider plusieurs fois par jour mais jamais je n’avais ressenti une telle douleur. Mes entrailles se tordaient et dansaient la javanaise. Et j’entendis l’infirmière derrière la porte qui s’inquiétait. Au bout d’un quart d’heure de danse effrénée, je sortis. Mathilde et l’infirmière me regardaient avec de grands yeux inquiets et interrogateurs.
- Ce n’est rien ne vous inquiétez pas, juste le laxatif qui fait effet ! les rassurais-je.
L’infirmière s’empressa de me donner la fiole de lavement et me fit promettre de bien l’utiliser après chaque vidage. C’est ainsi que la soirée se déroula. D’un côté, la partie agréable : papotage avec Mathilde, télé et rigolades. De l’autre, la partie moins agréable : boire l’affreuse mixture qui donnait l’impression de vider l’Océan tellement elle était salée, courir se vider aux toilettes toutes les demi-heures en attendant que la douleur se calme, et s’administrer les lavements à chaque vidage, ce qui avait pour effet de me brûler la tuyauterie. Je crois que de ma vie je ne connus pire nuit et quand enfin minuit arriva je fus soulagée de cesser toutes ces activités. Je m’endormis une heure plus tard après m’être vidée une dernière fois. Je me sentais vide et creuse mais j’étais tellement fatiguée que je m’endormais sans sourciller. Le lendemain, une infirmière vint nous réveiller et Mathilde fut immédiatement emmenée au bloc opératoire. Quant à moi, on me pria d’aller me laver avec un tube rouge nommé Bétadine. Quand je l’ouvris pour m’en badigeonner le corps, un liquide marron foncé comme le sang séché s’en échappa. Etrange mais bon il fallait en passer par là. Une fois désinfectée, je me remis au lit et deux heures plus tard on vint me chercher. Un jeune homme me hissa sur un brancard. J’avais l’impression de n’être qu’une plume pour lui. Quand j’arrivais en salle opératoire, mon état ne s’était pas amélioré. Je me sentais toujours aussi légère, flottante… Le docteur me dit quelques mots et on me brancha des tuyaux dans les veines. J’essayais de m’exprimer quand je sentis un liquide brûlant s’insuffler en moi et un masque à oxygène saveur fraise s’abattre sur mon visage. Pas le temps de compter jusqu’à 3, je n’étais déjà plus là.

Je me réveillais, comateuse, au son de la voix d’une infirmière qui parlait à quelqu’un à côté de moi. Je me tournais et aperçu un bébé dans un berceau. Ah oui, j’étais dans une clinique pour enfants ! Soudain quelque chose en moi se réveilla. Ce n’était autre que la douleur, ma chère amie la douleur, toujours là pour moi. J’avais comme une sensation de ballonnement, mais au lieu de ne la ressentir qu’à l’estomac, je la ressentais tout le long de mes entrailles. Je regardais l’infirmière, incrédule et souffrante. « C’est normal nous vous avons insufflé du CO2 durant l’examen, mais ne vous inquiétez pas, il va s’évacuer de lui-même de manière naturelle. » Ca me rassurait à moitié mais déjà je sentais mes paupières se fermer et les affres du sommeil m’emporter. Quand je m’éveillais à nouveau, j’étais dans ma chambre d’hôpital à côté de Mathilde. Je me sentais vide de toute nourriture et à la fois remplie d’air et de vide. On vint nous apporter chacune une compote. Pas le droit de manger plus après l’opération nous dit-on. On se contenta de ça et la journée passa… du moins ce qu’il en restait. Mes amis me rendirent visite et m’offrir des bonbons crocodiles. Ca me fit beaucoup de bien de les voir et de manger ce que je voulais. De manger surtout. L’air avait disparu de mes entrailles. La douleur, ma fidèle amie, avait pris congé. Me laissant seule avec mes amis. Quel plaisir ! Quand ils repartirent je me retrouvais seule avec le MP3 de Matthieu. Il me l’avait gentiment prêté sachant que je n’avais aucune musique à écouter, à part celle de la télé. Mathilde et moi parlâmes gaiement de nos visites de l’après-midi. Ses parents étaient venus la voir et elle était heureuse. Les miens n’étaient pas venus. Mais c’était habituel. Pas de temps à consacrer à leur fille, même quand c’est grave. Heureusement que je pouvais compter sur mes amis. Laëtitia, Sarah et Matthieu. Et mon frère Étienne. Il m’avait offert un petit lapin en peluche la veille pour que je ne dorme pas seule. Même mon oncle et ma tante m’avaient appelé pour savoir comment je me sentais. Une heure après que mes amis soient partis on nous apporta les plateaux repas. Le mien était garni, contrairement à celui de ma voisine. A cause de son opération des amygdales elle ne pouvait manger que de la glace et de la soupe. Je mangeais avec appétit car affamée depuis la veille quand une douleur violente traversa mes entrailles. C’est comme si on avait réveillé des dizaines de plaies à l’intérieur de moi. C’était une sensation atroce. Et je su ce qui était pire que la coloscopie elle-même, l’après coloscopie… Je me levais toutes les demi-heures pour aller me vider. Je ne gardais rien en moi et je regrettais l’époque où je grossissais quand je mangeais trop. Mes entrailles dansaient la valse et je faisais des allers-retours lit-toilettes. Mathilde s’inquiétait pour moi mais je la rassurais en lui expliquant qu’au bout d’un moment je n’aurais plus rien à rejeter. En effet, au bout de quelques heures à ce rythme là, mon corps ne contint plus aucune trace de nourriture et comme mes boyaux n’étaient pas encore arrivés au stade de se vider eux-mêmes, j’allais me mettre à l’aise dans le lit.

Au beau milieu de la nuit, alors que je dormais seulement depuis quelques heures, un bruit de pas me réveilla. J’ouvris les yeux et vis ma voisine Mathilde courir aux toilettes et vomir. La pauvre rejetait son repas du soir, son corps ou ses amygdales ne l’ayant pas supporté. Je m’empressais d’appuyer sur le bouton d’urgence pour appeler l’infirmière mais personne ne vint. Tout demeura calme et silencieux. Ne pouvant la laisser se vider devant mes yeux sans rien faire, je m’extirpais des draps et couru à la salle de bain. Elle était toute pâle et un filet de substance verdâtre pendait à ses lèvres. Je l’aidais à se nettoyer et la raccompagnais au lit en essayant de la rassurer. Une fois alitée et rassurée de voir qu’au moins une personne était là pour elle, à défaut d’une infirmière, elle sembla aller mieux. Je m’empressais de rincer la bassine et de la déposer à côté de son lit au cas où elle aurait un problème pendant la nuit. Puis j’allais dans mon lit et me rendormi. Le lendemain matin, ses parents vinrent la chercher à 10 heures et s’en allèrent non sans m’avoir remercié de m’être occupé de leur fille pendant cette dure nuit. Je me retrouvais seule dans la chambre et ça me fit un grand vide. Plus de voisine, plus d’amis et toujours pas de parents à l’horizon. Comme la douleur semblait s’être volatilisée, j’entrepris de profiter du temps et de l’espace qui m’étaient accordés. J’allumais le MP3 de Matthieu et la musique ranima mon pauvre corps engourdit. J’étais seule, j’avais toute la chambre d’hôpital à ma disposition, et la musique m’emporta. Mon corps se laissa envahir par cette mélodie entraînante, s’insinuant en moi comme une drogue dans mes veines. Je me mis à danser, danser comme ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Je n’avais plus le contrôle de mon corps, c’est la musique qui commandait le moindre de mes mouvements, et c’était tellement bon, tellement bon de se sentir habitée par elle. Je ne pensais à rien, mon corps n’avait qu’à suivre le rythme, j’étais comme possédée par la musique. C’était si bon de se sentir vivante. La musique redonnait vie à mon corps meurtri et je dansais, dansais, avec plus d’ardeur que mes entrailles elles-mêmes lorsqu’elles dansaient la javanaise. Cette sorte de transe dura une bonne heure, plus ou moins, car je n’avais plus la notion du temps. Ma mère arriva vers 11 heures et mit fin à mon délire. Je repartais chez moi la douleur ranimée et des médicaments à prendre pour une durée indéterminée…