mercredi 28 avril 2010

Urgences

J'ai fait comme si de rien n'était. Ce truc, je l'ai depuis un mois et demi.
Au début ce n'était rien qu'une tâche rouge, comme un gros bleu. Puis, il a pris de l'ampleur, la tâche rouge a enflé... Je me suis cognée et l'enflure est descendue au niveau de la cheville. Puis la zone est devenue rouge, de la tâche à la cheville... Violet ensuite. Puis le pied a gonflé. Puis tout est devenu rouge et gonflé. La douleur était proportionnelle à la laideur de la chose.

Je suis allée voir le généraliste, il n'a pas su ce que j'avais. Quelques clics et une page Wikipédia plus tard, il a pensé avoir trouvé. Un érythème noueux.
"Ça va avec ta maladie, c'est sûrement ça".
Direction l'hôpital pour voir ma gastro-entérologue. Le dermatologue du service et des triturations plus tard, ils en ont conclu que c'était bien un érythème noueux. Mais ils n'étaient pas certains de leur diagnostic... Cortisone oral 10 mg/jour et local crème 2 fois par jour. Au bout de trois jours, rien n'y fait, le gonflement augmente et la douleur aussi.

On est jeudi, il est 17h30 et d'un coup la douleur est fulgurante, je peine à me lever, j'ai tellement mal que je boîte. C'est tout rouge et tout gonflé, ça fait peur à mes collègues et ma patronne me dit d'aller à la pharmacie et de rentrer chez moi. A la pharmacie on me donne de quoi ne plus avoir mal... Mais ça ne marche pas. Ma meilleure amie arrive, on me donne de la glace à appliquer sur ma cheville. On rentre en bus. Elle m'aide à rentrer à la maison. Je m'appuie sur elle, comme souvent. Arrivée là je me mets au lit, un coussin sous la cheville et je ne bouge plus.
Quand je ne sens plus ma cheville, j'essaye de me relever, la douleur me reprend, je ne peux plus poser le pied par terre. Repos jusqu'à nouvel ordre.

Le lendemain je passe la journée allongée. Je vais devenir folle si je passe le weekend au lit! Le samedi soir, je décide de sortir, même si je sais que ce n'est pas une solution. Je n'en peux plus de ce truc qui me cloue au lit et m'empêche de marcher. Je réussi à me traîner jusqu'au métro, mais je boîte et j'ai mal. Deux amies sont là pour m'aider, on arrive au concert, je m'assois. C'est dur de rester debout. Peu à peu la cheville est tellement gonflée que je n'ai plus mal. Je peux à nouveau marcher quasiment normalement.

Le lendemain repos. Le lundi travail. Vers 17h, il m'arrive la même chose que la dernière fois. La douleur revient, le gonflement aussi, j'ai du mal à marcher. On me laisse finir plus tôt, je file aux urgences. Hôpital Saint Louis. Pas beaucoup de monde dans la salle d'attente. On me prend en priorité. On me met dans un lit, dans une chambre et on me dit d'attendre... J'attends un quart d'heure, une demie-heure, une heure... Et une interne arrive. Elle m'ausculte, ne trouve pas ce que j'ai, sort. Une demie-heure plus tard, 4 dermatologues et l'interne débarquent dans ma chambre. Tout ça pour moi? Ça ferait presque peur ! Tout le monde y va de son hypothèse, on me triture la tâche, le gonflement, on appuie dessus, ça réveille la douleur... Bilan sanguin + radio cheville + radio thorax et éventuellement échographie cheville. Sur ces belles promesses, ils s'en vont.

Une demie-heure plus tard, on me pique, on me pète la veine (encore!), on me repique, on réussit à extraire mon sang, on me laisse la main avec un bleu, 2 trous et un énorme pansement à l'endroit où on me perfusera peut-être... Ensuite direction la radiographie. Le brancardier revient me chercher, c'est marrant d'être allongée dans un lit et d'être transportée par quelqu'un que vous ne connaissez pas. Je tente d'établir le contact, il est plutôt sympa. Je me sens dépendante et faible. Se faire traîner dans tous les couloirs de l'hôpital affalée dans un lit, ce n'est pas vraiment plaisant. Retour dans la chambre. Puis on me met dans le couloir, la chambre doit être libérée pour accueillir quelqu'un d'autre. Je me retrouve dans le couloir des urgences, aux yeux de tous. La douleur choisit ce moment pour faire sa réapparition... J'ai tellement mal que je ne bouge pas. Les larmes me montent aux yeux, elles coulent le long de mes joues amorphes, je ne fais aucun bruit, je pleure en silence, je prends mon mal en patience. Je suis seule. Personne n'est là autour de moi. Personne n'est là pour moi. Les internes passent et repassent sans me regarder, je ne suis qu'un élément du décor, une pauvre fille coincée dans son brancard...
Puis, l'interne qui s'était occupée de moi repasse, jette un coup d'œil et s'aperçoit de mon état. "Qu'est-ce qui ne va pas?" "La douleur s'est réveillée..." Elle revient avec un calmant et je peux me rallonger en attendant d'avoir moins mal.

J'attends... longtemps les résultats de mon bilan sanguin et de mes radios. J'attends tellement longtemps que la douleur s'en est allée. Je me remets à vivre petit à petit. Je sors un livre, à boire, à manger. Je recommence à bouger. Enfin, n'y tenant plus je sors de mon brancard, je vais dans le couloir, je demande à rentrer chez moi :
"Je peux marcher maintenant je ne sens plus rien".
"D'accord, on vous donne votre ordonnance et vous pouvez rentrer. On vous rappelle demain et si jamais ça ne va pas mieux on vous interne".
Mon ordonnance à la main, un au revoir, et une porte coulissante plus tard, je me retrouve dans le sas.

Je me suis liée d'amitié avec une fille de mon âge qui accompagnait son homme, elle me prête son portable pour appeler les miens... qui ne se soucient pas de mon état. Celui sur lequel je pensais pouvoir compter me prouve que j'avais tort. J'appelle l'autre.
Je suis seule, il est 23h, j'ai la cheville enflée, j'ai passé 5 heures aux urgences mais je n'ai "qu'à rentrer en métro". Merci Papa !
Je sors de l'hôpital, il fait nuit, je peine à marcher, mais je ne sens plus la douleur...
Celle de mon cœur, elle, est beaucoup plus présente... des larmes s'échappent de mes yeux et je sors des urgences comme j'y suis entrée, seule.

jeudi 1 avril 2010

Le citron pressé


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Je m’appelle ***** et je vous emmerde.
Meilleure phrase de présentation je ne vois pas.
C’est assez ironique en fait puisque je suis tout le contraire.
Je pense d’abord aux autres avant de penser à moi. Je fais tout au mieux pour satisfaire tout le monde. Mais les gens ne sont jamais satisfaits, ils en veulent toujours plus.
Jamais ils ne s’arrêtent...
Et moi je me donne sans compter et je suis fatiguée. Fatiguée de tant donner à des gens qui ne le méritent pas forcément. Fatiguée de me faire presser jusqu’aux pépins et jeter comme un vulgaire citron usé. Je ne suis pas un robot, je ne suis pas une poupée, je suis une humaine.
Je suis vulnérable comme tout le monde. Même si je ne laisse rien paraître.
Mais j’ai compris pourquoi on me demande tout, on me confie le sale boulot, on me rabaisse, on en veut toujours plus... C’est parce que je suis trop gentille.
Je ne sais pas dire non. Ironie pour celle qu’on traite comme une poupée. Et le pire dans tout ça c’est que je tombe sur des gens... horribles avec moi.
On me traite d’hypocondriaque...
On me dit que je me cache derrière ma santé.
Mais si vous arrêtiez de me presser le citron si fort, si vous me laissiez couler tranquillement je ne serais pas dans un si piteux état !
De moi il ne reste que les pépins, vous m’avez tant pressée...